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Oïdium de la vigne : Prévention et traitement pour une récolte saine

L’oïdium de la vigne, aussi appelé « vigne oidium« , représente une menace majeure pour les viticulteurs. Cette maladie fongique, désormais présente dans la plupart des vignobles du monde, peut causer de lourdes pertes si elle n’est pas correctement maîtrisée. Elle est causée par un champignon filamenteux microscopique, Erysiphe necator, un parasite biotrophe de la famille des Érysiphacées. L’oïdium est une maladie dite polycyclique, car son développement repose sur une succession de cycles de contamination et d’infection.

Dans cet article, nous verrons comment reconnaître les symptômes de l’oïdium, quelles sont les conditions qui favorisent sa propagation, et surtout, quelles sont les meilleures stratégies de prévention et de traitement pour protéger efficacement vos vignes.

Points Clés

  • L’oïdium de la vigne, causé par le champignon Erysiphe necator (syn. Uncinula necator), est une pathologie majeure, présente dans tous les vignobles de France. Sans traitement, elle peut ruiner une récolte.
  • Les symptômes apparaissent sur les jeunes pousses, feuilles, et grappes : un feutrage blanc ou grisâtre, qui freine la croissance et abîme le raisin, avec des conséquences sur le rendement et la qualité du vin.
  • L’oïdium se propage vite par cycles successifs. Il survit l’hiver dans les bourgeons ou sous forme de cléistothèces sur le bois et les feuilles mortes.
  • Pour protéger votre vigne, combinez différentes actions :
    • Une prophylaxie rigoureuse,
    • Des fongicides adaptés, en fonction de la sensibilité des cépages,
    • Des outils météo et modèles prédictifs (OAD) pour bien cibler les traitements.

L’oïdium de la vigne : une menace à ne pas sous-estimer

Source photo : Ephytia INRAE

L’oïdium de la vigne, causé par Erysiphe necator et prenant son origine en Amérique du Nord, est une maladie cryptogamique redoutée dans de nombreux vignobles en Europe. Ce champignon se manifeste dès le débourrement par un mycélium blanchâtre à grisâtre sur les jeunes organes, les feuilles, les grappes, et plus généralement sur le végétal de la vigne, ce qui peut fortement nuire en termes de qualité des baies et de rendement.

Il passe l’hiver sous forme de mycélium dans les bourgeons ou encore de cléistothèces, puis redémarre dès le printemps (lorsque les températures dépassent les 10 °C). Contrairement au mildiou (Plasmopara viticola), qui aime l’humidité, l’oïdium se développe par temps chaud et sec.

En période humide, une autre menace peut s’ajouter : la pourriture grise, qui attaque surtout les baies en fin de cycle. Une bonne gestion de la vigne consiste à surveiller ces deux pathogènes, à adapter les traitements en fonction des cépages, et à utiliser les outils météo pour anticiper les risques.

Biologie de Erysiphe necator (Schwein.)

Les cléistothèces d’Erysiphe necator, de couleur brun à noir, sont localement présentes sur le limbe de cette feuille. Source photo : Ephytia INRAE

L’oïdium est la première maladie cryptogamique issu d’un micro-organisme fongique appartenant aux ascomycètes à avoir été introduite en Europe. Il apparaît, avant même l’arrivée du phylloxera, pour la première fois en Angleterre en 1845, puis en France en 1851.

Au regard des impacts causés par la présence de ce champignon, comprendre sa biologie est essentiel pour mettre en place des stratégies de lutte efficaces contre l’oïdium.

L’Erysiphe necator affecte principalement les jeunes pousses, les feuilles et les grappes de la la vigne (Vitis vinifera). Mieux connaître les organes les plus sensibles permet de repérer rapidement les symptômes et de prendre des mesures préventives avant que l’infection ne se propage.

Survie hivernale et propagation de l’oïdium de la vigne : les deux biotypes d’Erysiphe necator (groupes A et groupe B)

Pendant l’hiver, Erysiphe necator, responsable de l’oïdium de la vigne, survit sous forme de mycélium dans les bourgeons dormants (forme asexuée), ou de cléistothèces, des structures noires sphériques correspondant à la forme sexuée (cf. image 2). Ces deux formes lui permettent de résister aux circonstances climatiques défavorables jusqu’au redémarrage de la végétation. Ces ascomycètes sont souvent observés sur les feuilles ou les rameaux en fin de saison, notamment dans les vignes françaises touchées.

Dès le printemps, lorsque les températures dépassent 10 °C et que l’humidité relative augmente, les cléistothèces du groupe B éclatent après les pluies (souvent entre mars et mai), libérant des ascospores qui infectent les jeunes pousses, feuilles et grappes. Transportées par le vent, ces ascospores constituent une forme d’inoculum primaire, déclenchant les premières attaques de la saison.

Le groupe A, lui, redémarre depuis le mycélium hivernant dans les bourgeons, provoquant un symptôme dit « drapeau » : pousse déformée et feuilles crispées. Ce foyer produit des conidies, responsables des contaminations secondaires.

Ces conidies se dispersent avec le vent et se développent vite dans des conditions favorables, entre 25 et 30 °C, avec une humidité relative suffisante. Les symptômes de l’oïdium, souvent discrets au départ, apparaissent sous forme de feutrage grisâtre et poussiéreux sur les organes jeunes, compromettant la qualité des baies et entraînant des pertes de rendement si aucune mesure de protection n’est mise en place.

Contrairement au mildiou (Plasmopara viticola), qui a besoin d’eau libre, l’oïdium se développe sans humidité sur la surface. Cela le rend plus difficile à maîtriser, surtout dans les régions sèches et chaudes comme le Languedoc-Roussillon, où des cépages comme le Carignan (très sensible au groupe A) peuvent subir des dégâts importants.

Symptômes de l’oïdium sur les organes de la vigne

Tous les organes végétaux de la vigne peuvent montrer des signes d’infection par l’oïdium, y compris les pampres, les feuilles et les grappes. Identifier précocement les symptômes de l’oïdium est crucial pour limiter les dégâts et éviter une propagation incontrôlée.

Les contaminations foliaires peuvent réduire la photosynthèse, compromettant ainsi la santé générale des ceps. De plus, l’oïdium peut poser des problèmes de maturation des baies, entraînant leur éclatement et réduisant la qualité des baies récoltées.

Symptômes sur les jeunes pousses

Lésions brunâtres sur rameau pas encore aoutés. Source photo : Ephytia INRAE

Les jeunes pousses affectées par l’oïdium montrent un ralentissement de leur croissance, un indicateur précoce de la maladie. Un autre symptôme distinctif est le raccourcissement des entre-nœuds, souvent accompagné d’une crispation des feuilles. Le feutrage blanc sur les jeunes pousses, également appelé symptôme en drapeau, est une autre caractéristique de l’infection par l’oïdium. Ce feutrage est un signe visible que le champignon est actif et se propage.

Symptômes sur les feuilles

Feuille de vigne présentant un symptôme typique de l’oïdium : un feutrage blanc à grisâtre recouvrant le limbe, causé par le développement du mycélium de l’oïdium. Source photo : Ephytia, INRAE

Les premières manifestations de l’oïdium sur les feuilles apparaissent sous forme de taches d’aspect huileux et un noircissement des nervures sur la face inférieure. Bien que discrets, ces symptômes initiaux sont des indicateurs clés d’une attaque naissante. Avec la progression de l’infection, les taches évoluent en un feutrage grisâtre et poussiéreux, caractéristique d’un stade avancé. Sous l’effet du rayonnement solaire, la physiologie des feuilles change, les rendant plus résistantes ; l’agent pathogène colonise alors la face inférieure. Ce feutrage constitue un signe évident que la maladie est bien installée et qu’une action contre l’oïdium est nécessaire.

Symptômes sur les grappes et les baies

Symptômes d’oïdium sur baies de raisin : présence de taches grisâtres et de feutrage blanchâtre à la surface des baies, signes caractéristiques de l’infection. Source photo : BLANCARD D., INRA

Les grappes sont les plus sensibles à l’oïdium durant la fin de la floraison et le début de la nouaison. L’infection se manifeste par l’apparition de poussière grise sur les grappes, souvent accompagnée d’une odeur de moisissure. L’oïdium peut entraîner une coulure importante des grappes, réduisant ainsi le rendement à la récolte. Les jeunes baies deviennent moins sensibles à mesure qu’elles mûrissent, leur réceptivité diminuant après avoir atteint 8% de sucre.

Impact de cet maladie de la vigne sur le rendement et la qualité du vin

L’oïdium de la vigne peut entraîner plusieurs impacts, notamment une baisse significative du rendement des vendanges. Les grappes touchées par cette maladie présentent souvent une forte odeur de moisissure et peuvent avoir la peau qui se fendille, ce qui nuit directement à la qualité des baies récoltées.

En plus des pertes de rendement, l’oïdium altère les caractéristiques organoleptiques du vin, donnant des arômes de moisissure et un goût herbeux. Traiter rapidement contre l’oïdium est crucial pour éviter une perte importante tant en quantité qu’en qualité.

Comment protéger la vigne contre l’oïdium

Taille et aeration de la vigne

Pour protéger efficacement les vignes des différentes formes d’oïdium, il est nécessaire de combiner plusieurs approches : prophylaxie, suivi régulier, traitements phytopharmaceutiques et recours au biocontrôle. Chaque stratégie présente des avantages spécifiques et doit être ajustée selon les conditions propres à chaque parcelle. De manière générale, une protection optimale doit être mise en place dès le début de la saison végétative, même en absence de symptômes, afin d’anticiper les premières contaminations invisibles.

La protection génétique, par exemple, vise à préserver les qualités gustatives du raisin tout en renouvelant le vignoble avec du matériel génétique résistant. De même, l’agronomie digitale propose des solutions innovantes pour gérer les maladies de la vigne à travers des stratégies de biocontrôle.

Mesures prophylactiques

La prophylaxie constitue la première barrière contre l’oïdium. Elle repose sur des pratiques culturales simples mais efficaces :

  • Aérer la vigne : taille, effeuillage et palissage améliorent la circulation de l’air et réduisent l’humidité sur les feuilles et grappes, limitant ainsi les conditions favorables au développement des formes d’oïdium.
  • Réduire la vigueur végétative : une fertilisation excessive favorise les nouvelles pousses, particulièrement sensibles. Un désherbage maîtrisé contribue aussi à limiter la concurrence et l’humidité au sol.
  • Supprimer les rejets et les bois morts, notamment sur les cépages sensibles comme le Carignan, pour réduire les sources potentielles de mycélium hivernant.

Utilisation de fongicides

Les fongicides jouent un rôle central dans la protection. Ils doivent être :

  • Appliqués préventivement, dès le débourrement, et renouvelés jusqu’à la fermeture de la grappe, en couvrant les stades sensibles comme la floraison et la nouaison.
  • Alternés selon leur mode d’action, pour éviter l’émergence de résistances.

Une détection précoce des symptômes de l’oïdium (comme le feutrage grisâtre et poussiéreux sur les organes jeunes) permet d’ajuster rapidement les interventions et de limiter les dégâts sur la qualité des baies et le rendement.

Importance des OAD (Outils d’Aide à la Décision)

Les OAD sont essentiels pour optimiser la protection contre l’oïdium. Ces outils permettent un positionnement préventif des fongicides, offrant une utilisation plus ciblée et efficace.

En s’appuyant sur des données agronomiques et météorologiques, les OAD modélisent le risque de développement des maladies, aidant ainsi les viticulteurs à prendre des décisions éclairées.

Quels sont les cépages sensibles à l’oïdium ?

Plusieurs variétés sont sensibles:

  • Aramon
  • Cabernet Franc
  • Cabernet Sauvignon
  • Carignan
  • Chardonnay
  • Chenin
  • Cinsault
  • Gamay
  • Grenache
  • Muscat
  • Riesling
  • Roussanne

Dans des régions comme le Languedoc-Roussillon, certains cépages sont particulièrement sensibles à l’oïdium : c’est le cas du carignan, du chardonnay et des muscats. D’autres, comme le pinot noir, le sauvignon, le colombard, l’ugni blanc et le merlot, présentent une sensibilité intermédiaire, tandis que le sémillon, la folle blanche et le cot sont considérés comme peu sensibles.

La sensibilité des cépages à l’oïdium culmine pendant la floraison et reste élevée jusqu’à la nouaison. Il est crucial de prendre en compte l’historique de contamination et la sensibilité variétale dans les programmes de lutte.

Que retenir ?

En résumé, l’oïdium de la vigne est une maladie cryptogamique complexe qui nécessite une compréhension approfondie et une gestion proactive. De la biologie de Erysiphe necator aux méthodes de lutte contre l’oïdium, chaque aspect joue un rôle crucial dans la protection des vignes.

En prenant des mesures préventives, en utilisant des fongicides de manière judicieuse et en exploitant les outils d’aide à la décision, les viticulteurs peuvent minimiser l’impact de la pression fongique. Il est essentiel de rester vigilant et proactif pour garantir des récoltes saines et des vins de qualité.

Questions fréquemment posées:

Quel est le principal champignon responsable de l’oïdium de la vigne ?

  • Le principal champignon responsable de l’oïdium de la vigne est Erysiphe necator, qui touche tous les organes verts de la plante. Il est donc essentiel de surveiller cette maladie pour préserver la santé de votre vignoble.

Quelles sont les conditions climatiques favorables au développement de l’oïdium ?

  • L’oidium se développe surtout par temps chaud et sec, avec une température optimale entre 25 °C et 30 °C et une humidité relative élevée, même en l’absence de pluie. Ces conditions favorisent la germination des spores et la croissance rapide du mycélium sur les organes jeunes de la vigne.

Quels sont les symptômes de l’oïdium sur les jeunes sarments ?

  • Les jeunes pousses affectées par l’oïdium présentent un ralentissement de leur croissance, un raccourcissement des entre-nœuds et un feutrage blanc caractéristique. Ces symptômes indiquent une infection et nécessitent une attention pour préserver la santé des plantes.

Comment l’oïdium affecte-t-il la qualité de mon vin ?

  • L’oidium altère la qualité du vin en affectant directement les baies : il provoque un dessèchement de la peau, une mauvaise maturation et une contamination aromatique. Les baies atteintes peuvent produire des vins avec des défauts gustatifs, notamment des notes de moisi, de poussière ou de médicament, et un déséquilibre entre sucres, acidité et tanins, ce qui réduit fortement leur valeur œnologique.

Quelles sont les mesures prophylactiques efficaces pour éviter l’oïdium?

  • Les mesures prophylactiques efficaces à l’encontre de l’oïdium comprennent une gestion équilibrée de la fertilisation, un désherbage adapté, ainsi qu’une bonne aération des vignes par la taille et l’effeuillage. Il est également crucial d’éliminer les rejets et bois morts, en particulier sur les cépages sensibles, et de surveiller les prévisions météorologique pour intervenir au bon moment.

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