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Botrytis vigne : comprendre et traiter la pourriture grise

Table des matières

Le botrytis vigne, ou pourriture grise, est un champignon qui attaque les baies de raisin, réduisant la qualité et le rendement des vignes. Ce guide présente les symptômes du botrytis, les paramètres propices à son développement ainsi que les principales stratégies de lutte.

Points Clés

  • Le botrytis cinerea, responsable de la pourriture grise, est un champignon saprophyte qui peut gravement affecter la qualité et le rendement des baies dans les vignobles.
  • La prévention du botrytis repose sur une combinaison de pratiques culturales, de lutte biologique et de traitements chimiques, impliquant une gestion proactive des conditions environnementales.
  • Des outils de surveillance, comme la télédétection et les technologies numériques, sont essentiels pour détecter rapidement la présence de botrytis et optimiser les interventions de contrôle.

Qu’est-ce que le botrytis de la vigne ?

Botrytis cinerea sporule abondamment sur les tissus exposés à la suite d’une fissuration de la pellicule. Source image : Blanchard D., INRAE – Ephytia
Botrytis cinerea sporule abondamment sur les tissus exposés à la suite d’une fissuration de la pellicule. Source image : Blanchard D., INRAE – Ephytia

Botrytis cinerea (terme latin signifiant « raisins comme des cendres ») est un champignon saprophyte, capable de se développer sur la vigne en provoquant une pourriture grise particulièrement redoutée. On le qualifie de saprophyte en raison de sa faculté à détruire les tissus avant de les coloniser, à se nourrir de tissus morts et à progresser parmi eux. Il cible en priorité les grappes de raisin, mais peut aussi infecter les bourgeons et les jeunes pousses dès le début du printemps, entraînant leur nécrose.

Ce type de maladie engendre des dégâts importants et altère les caractéristiques organoleptiques des baies, ce qui a des répercussions notables sur le vin obtenu. Doté d’une forte résilience, ce champignon survit dans des conditions défavorables grâce à la formation de sclérotes, structures de résistance qui lui permettent de persister sur les débris végétaux ou dans le sol.

Connu également sous le nom scientifique de Botryotinia fuckeliana, il est redouté dans le monde entier, touchant des cépages tels que le pinot noir, le cabernet sauvignon ou encore le petit verdot, qu’il peut affaiblir en altérant directement le potentiel des baies et leurs qualités sensorielles.

Cycle de vie du botrytis cinerea

Botrytis cinerea présente une stratégie de survie particulièrement bien adaptée aux conditions rencontrées dans les zones viticoles. En période hivernale, ce champignon persiste sous forme de sclérotes dans les feuilles tombées ou les sarments, tandis que le mycélium peut subsister sous l’écorce. Ces formes de conservation lui permettent de résister au froid et de réactiver son développement dès le retour du printemps, entraînant une nouvelle contamination des vignes.

Avec l’arrivée des pluies printanières, les structures de fructification de Botrytis cinerea se forment. Ces conditions humides favorisent la croissance du champignon, qui entre en phase de sporulation environ trois jours après une contamination initiale, libérant des spores capables d’infecter les jeunes pousses de vigne. À la véraison, lorsque les grappes deviennent plus sensibles, la moisissure grise peut se propager rapidement à partir des foyers déjà établis.

Il est alors crucial pour les viticulteurs de comprendre ce cycle de vie pour intervenir aux moments clés, notamment en période de floraison et de véraison. Une gestion proactive peut limiter la propagation du botrytis et protéger la récolte.

Conditions favorables à l’apparition du botrytis

Le botrytis cinerea prospère dans des conditions possédant une humidité élevée, en particulier lorsque l’humidité relative dépasse 95%. Les températures optimales pour son développement se situent entre 15°C et 25°C, bien qu’il puisse survivre dans une plage de 0°C à 35°C. Ces conditions sont souvent réunies dans les vignobles, surtout après une période de pluie suivie d’un temps chaud.

Avant la floraison, les grappes peuvent se dessécher et devenir très sensibles au botrytis pendant la véraison. Les viticulteurs doivent surveiller attentivement les conditions météorologiques et l’état des vignes pour anticiper l’apparition du botrytis et agir en conséquence.

Symptômes de la pourriture grise sur la vigne

Les symptômes du Botryotinia fuckeliana sur la vigne sont variés et peuvent toucher tous les organes verts de la plante. Les premiers signes peuvent apparaître dès la véraison, lorsque les baies commencent à mûrir. La pourriture grise s’installe facilement à travers les blessures, et un microclimat humide peut accélérer la propagation du champignon.

Les symptômes se manifestent différemment sur les feuilles, les rameaux et les grappes. Il est essentiel de détecter ces signes le plus tôt possible pour prendre des mesures contre le botrytis.

Symptômes sur les feuilles

Taches foliaires causées par Botrytis cinerea (pourriture grise), localisées en bordure de la feuille. On observe des motifs concentriques et festonnés caractéristiques de l’infection. Source image : Blanchard D., INRAE – Ephytia
Taches foliaires causées par Botrytis cinerea (pourriture grise), localisées en bordure de la feuille. On observe des motifs concentriques et festonnés caractéristiques de l’infection. Source image : Blanchard D., INRAE – Ephytia

Les feuilles infectées par Botrytis cinerea présentent généralement des taches brunes qui s’élargissent progressivement. Ces lésions débutent souvent sous forme de triangles partant du bord du limbe et tendent à s’étendre jusqu’à envahir toute la surface foliaire. Un feutrage grisâtre sur la face inférieure de la feuille, caractéristique de la pourriture grise, accompagne fréquemment ces symptômes. À un stade plus avancé de l’infection, un recroquevillement du limbe peut être observé, traduisant une altération importante des tissus.

Il est crucial de surveiller ces symptômes sur les feuilles pour détecter le botrytis de la vigne dès ses premiers stades et empêcher sa propagation à d’autres parties de la vigne.

Symptômes sur les rameaux

Sclérotes noirs de Botrytis cinerea visibles à la surface d’un sarment de vigne en hiver. Ces structures de survie permettent au champignon de persister d'une saison à l'autre. Source image : INRAE – Ephytia

Sur les rameaux, le botrytis se manifeste par des taches brunes et du blanchissement. Ces symptômes peuvent affaiblir la structure de la vigne et réduire sa capacité à porter des grappes saines. On peut également observer des sclérotes noirs, petites structures dures produites par le champignon, qui sont des signes indicateurs d’une infection avancée.

La présence de ces symptômes sur les rameaux nécessite une intervention rapide pour empêcher la propagation du champignon aux grappes et aux autres parties de la vigne.

Symptômes sur les grappes

Les grappes de raisin sont un organe particulièrement sensible au développement du mycélium de Botrytis cinerea, qui peut se propager de proche en proche à partir de foyers existants. Cette vulnérabilité s’accentue après la véraison, lorsque les baies deviennent plus perméables. Les symptômes typiques incluent la pourriture des grappes, leur décoloration brunâtre, ainsi que leur dessèchement.

Les baies infectées présentent des taches sombres et un feutrage grisâtre, marqueurs caractéristiques de cette moisissure grise. Le mycélium pénètre les tissus en profitant de portes d’entrée telles que des blessures, des fissures de la pellicule ou des morsures d’insectes. Il sécrète ensuite des enzymes qui dégradent les parois cellulaires, facilitant les infections secondaires et altérant les propriétés organoleptiques du raisin, ce qui peut engendrer des goûts non désirables dans le vin.

Impact du botrytis sur la production viticole

Le botrytis de la vigne a un impact considérable sur les produits viticoles, affectant à la fois la quantité et les caractéristiques des raisins récoltés. Les pertes liées à cette maladie peuvent être importantes, entraînant des dégâts sur les grappes, des surcoûts lors de la vendange et des difficultés accrues à la vinification. La dégradation des raisins entraîne la création de vins de moindre valeur, avec des altérations possibles des goûts, de la couleur et de la stabilité. Même une fraction de baies botrytisées peut suffire à compromettre l’ensemble d’une cuve, avec des conséquences directes sur les revenus des viticulteurs.

Conséquences agronomiques

Une infestation sévère par Botrytis cinerea peut entraîner des pertes importantes, atteignant jusqu’à 40 à 50 % de la production dans les zones les plus touchées. Même une atteinte modérée, de l’ordre de 30 %, peut déjà se traduire par une réduction notable, estimée à environ 9 hl/ha, soit près de 20 % du volume total attendu. Ces pertes économiques ont un impact direct sur les exploitations, renforçant la nécessité de mettre en place des actions de gestion efficaces pour limiter les effets de la pourriture grise sur la vigne.

Dégradation de la qualité

Le botrytis cinerea dégrade la qualité des raisins en altérant la couleur et les arômes, ce qui affecte la perception des saveurs des vins produits. Les vins peuvent présenter des défauts d’équilibre, rendant leur goût moins agréable pour les consommateurs. De plus, la présence de botrytis peut entraîner des inconvénients dans les processus de fermentation et de distillation, compliquant la production de vins de qualité.

Ces problèmes de qualité réduisent les bénéfices des viticulteurs, rendant la gestion du botrytis encore plus essentielle pour maintenir la réputation des vins produits.

Méthodes de prévention contre le botrytis de la vigne

Les sclérotes de Botrytis cinerea, structures de survie du champignon, mesurent quelques millimètres de long. Initialement blancs, ils prennent une teinte brun foncé en vieillissant.Source image : Blanchard D., INRAE – Ephytia
Les sclérotes de Botrytis cinerea, structures de survie du champignon, mesurent quelques millimètres de long. Initialement blancs, ils prennent une teinte brun foncé en vieillissant.Source image : Blanchard D., INRAE – Ephytia

La prévention du botrytis cinerea repose sur une combinaison de pratiques culturales et de lutte biologique. Voici quelques stratégies à considérer :

  1. Pratiques intégrées de gestion des cultures pour réduire significativement les risques d’infection.
  2. Diminuer la vigueur de la vigne pour créer des conditions moins favorables au développement du botrytis.
  3. Améliorer la circulation de l’air autour des plants de vigne.

En appliquant ces méthodes, les viticulteurs peuvent mieux contrôler l’apparition de cette maladie.

Ces méthodes préventives sont essentielles pour maintenir la santé des vignes et assurer des récoltes de qualité.

Pratiques culturales

Pour lutter contre le botrytis, il est essentiel de limiter la vigueur de la vigne, notamment en réduisant les apports en azote et en mettant en place un enherbement raisonné. Cette pratique améliore l’aération des rangs, diminue l’humidité au sol engendrant une base moins favorable à la progression du mycélium de ce champignon.

Par ailleurs, la réduction du contact entre les organes de la plante et l’amélioration de la circulation de l’air dans la canopée sont des leviers clés pour limiter l’humidité ambiante. Cela passe notamment par un effeuillage ciblé et une aération des grappes trop chargées, réduisant les risques d’infection.

Lutte biologique

Le biocontrôle consiste en l’utilisation de micro-organismes pour lutter contre le botrytis. Certaines bactéries inhibent le mycélium et activent les défenses de la vigne, offrant une alternative ou un complément aux fongicides conventionnels. Ces produits doivent être employés au début du programme ou après la floraison pour une efficacité maximale.

Lorsque le risque de maladie est faible ou modéré, les produits de biocontrôle peuvent suffire à protéger les vignes, réduisant ainsi la nécessité de fongicides à forte dose.

Traitements chimiques contre le botrytis de la vigne

Les traitements chimiques sont essentiels pour contrôler la propagation du botrytis cinerea et protéger les récoltes viticoles. Il est crucial de choisir des fongicides qui agissent à la fois en contact et de manière systématique pour une efficacité maximale. Le choix d’une approche intégrée, combinant fongicides et pratiques culturales, est recommandée pour éviter la résistance et optimiser les résultats.

Les fongicides doivent être utilisés de manière stratégique, en tenant compte de la situation sanitaire des vignes et des périodes de risque élevé.

Produits fongicides

Les produits fongicides jouent un rôle complémentaire indispensable. Parmi les plus efficaces, Rovral agit à la fois par contact et localement de façon systémique, tandis que Decree bloque la germination des spores avant que l’infection ne s’installe. Pristine, quant à lui, combine deux modes d’action pour perturber les fonctions énergétiques du champignon, assurant une protection durable. Afin de limiter le risque d’apparition de résistances, il est recommandé, lors de la construction du schéma de traitement, d’alterner les familles chimiques tout au long de la saison.

Enfin, des solutions de biocontrôle, comme les micro-organismes antagonistes du genre Trichoderma, renforcent la résistance de la vigne au botrytis. Utilisés en complément des fongicides, ces produits permettent de réduire les doses chimiques tout en améliorant l’efficacité globale de la lutte.

Stratégie de traitement

Face au botrytis de la vigne, une approche intégrée reste indispensable pour assurer une protection durable. L’efficacité repose sur un positionnement précis des produits fongicides, une qualité de pulvérisation maîtrisée, et l’adaptation des interventions aux réalités sanitaires et climatiques.

Afin de limiter l’apparition de résistances, il est recommandé, lors de la construction du schéma de traitement, d’alterner les familles chimiques tout au long de la saison. L’association judicieuse de fongicides, de solutions de biocontrôle comme Trichoderma spp. et de mesures prophylactiques ciblées permet de réduire la pression fongique, tout en garantissant une protection efficace et en maîtrisant l’usage des produits phytosanitaires.

Surveillance et gestion du risque botrytis

La surveillance du risque botrytis est un levier essentiel pour préserver la santé des vignes et anticiper les interventions. Des outils numériques comme DeciTrait, Movida GrapeVision ou Agrigenius permettent de suivre l’évolution de la maladie issues des domaines agronomique, météorologique et phytosanitaire. Par exemple, Agrigenius s’appuie sur des modèles mécanistiques pour prédire le développement de Botrytis cinerea, tandis que Movida GrapeVision aide à ajuster les décisions de lutte en fonction de l’environnement local.

La télédétection, par le biais de drones ou d’images satellitaires, renforce ces outils de suivi en offrant une vision détaillée et actualisée de l’état des parcelles. Voici quelques exemples d’utilisation de cette technologie :

  • Surveillance par drone : permet de détecter visuellement les premiers symptômes du botrytis à l’échelle de la parcelle, notamment les zones où l’humidité ou la vigueur favorise la progression du champignon.
  • Analyse satellitaire : fournit des images haute résolution pour localiser les zones à risque, même sur de grandes surfaces, avec des indicateurs liés à la végétation ou au stress hydrique.
  • Traitement des données : les informations collectées sont croisées avec les prévisions climatiques et les observations terrain pour ajuster les traitements préventifs ou curatifs de manière ciblée et réactive.

Une surveillance régulière à l’aide de ces technologies contribue ainsi à limiter la contamination, à améliorer la protection des cultures, et à réduire l’usage de produits phytosanitaires en intervenant au bon moment.

Programmes de gestion intégrée

Les programmes de gestion intégrée combinent des méthodes de prévention, des traitements chimiques et une surveillance rigoureuse pour gérer le botrytis de manière efficace. Les pratiques culturales adaptées, telles que l’effeuillage, l’enherbement et la gestion de la vigueur, sont essentielles pour réduire l’humidité et améliorer l’aération dans les vignobles.

La lutte biologique est également intégrée dans ces programmes, utilisant des agents de lutte naturelle et des produits biologiques pour prévenir le développement du botrytis. Les traitements chimiques spécifiques sont appliqués à des moments critiques pour contrôler le botrytis, en fonction des stades de développement de la vigne.

Une approche intégrée, combinant méthodes préventives, traitements chimiques et surveillance, est essentielle pour gérer efficacement la pourriture grise causée par le botrytis cinerea.

En résumé

La gestion de Botrytis cinerea, espèce fongique responsable de la pourriture grise, représente un défi majeur pour la vigne. Ce champignon saprophyte, capable de coloniser rapidement les grappes de raisin, s’exprime dans des conditions favorables telles que l’humidité, les blessures mécaniques ou certaines zones sensibles de la parcelle. Il peut entraîner des dégâts importants, affectant à la fois les caractères organoleptiques des baies et les caractéristiques finales du vin.

Pour contenir le développement de cette maladie, il est nécessaire d’articuler plusieurs axes d’action : conduite culturale raisonnée (gestion de la vigueur, effeuillage), recours au biocontrôle, utilisation ciblée de produits phytosanitaires, et appui sur des outils de surveillance. Ces approches permettent d’anticiper le risque en fonction des symptômes observés, du climat et des modèles prédictifs.

Face à la capacité d’adaptation de cette espèce fongique, une stratégie intégrée et continue reste essentielle pour assurer la protection durable des parcelles et préserver la valeur œnologique des récoltes. En renforçant la compréhension du botrytis de la vigne, chaque intervention devient une opportunité de freiner la progression de la pourriture et de limiter son impact sur l’ensemble de la filière.

Questions fréquemment posées

Qu’est-ce que le Botrytis cinerea ?

  • Le Botrytis cinerea est un champignon saprophyte, connu pour provoquer la pourriture grise de la vigne, entraînant des dommages considérables aux grappes de raisin. Sa maîtrise est essentielle pour préserver le potentiel de la récolte et garantir sa valeur œnologique.

Quels sont les symptômes du botrytis sur les feuilles ?

  • Les symptômes du botrytis sur les feuilles se manifestent par des taches brunes, un feutrage grisâtre sur la face inférieure et un recroquevillement des feuilles. Il est important de surveiller ces signes pour prévenir la propagation de la maladie.

Comment peut-on prévenir l’apparition du botrytis dans les vignes ?

  • Pour prévenir l’apparition du botrytis dans les vignes, il est essentiel de mettre en place une conduite culturale adaptée, incluant l’enherbement, la gestion de la vigueur, ainsi que des méthodes de lutte biologique et l’application raisonnée de fongicides. Une approche intégrée permet d’assurer une protection optimale.

Quels sont les impacts du botrytis sur la culture de la vigne ?

  • Le botrytis a un impact significatif sur l’activité viticole, en réduisant le potentiel de récolte et en altérant les propriétés organoleptiques des baies, ce qui influence directement les caractéristiques du vin obtenu.

Quels outils peuvent aider à surveiller le risque de botrytis de la vigne ?

  • Des outils tels que DeciTrait, Movida GrapeVision et Agrigenius sont efficaces pour surveiller le risque de botrytis dans les exploitations, en s’appuyant sur la télédétection et la modélisation des données. Il est recommandé de les intégrer à la stratégie de gestion pour mieux anticiper ce risque.
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