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Cicadelle verte : comprendre et gérer un ravageur émergent de la Vigne

Table des matières

La cicadelle verte est un insecte qui représente un défi croissant pour les viticulteurs. Ce ravageur, bien que considéré comme secondaire, peut causer des dommages significatifs aux vignes, affectant la qualité et la quantité des récoltes. Dans cet article, nous explorerons les impacts de la cicadelle verte sur la viticulture, ses caractéristiques biologiques, ainsi que les méthodes de gestion recommandées pour minimiser ses effets.

Comprendre la cicadelle verte

La cicadelle verte (Empoasca vitis), parfois appelée cicadelle des grillures, est un insecte piqueur-suceur appartenant à l’ordre des homoptères.

Les larves, issues de la ponte réalisée au printemps, s’alimentent en extrayant la sève des feuilles, principalement sur leur face inférieure. Cette alimentation provoque l’apparition de grillures, un dessèchement et un rougissement ou jaunissement progressif des bordures foliaires, selon qu’il s’agisse de cépages rouges ou de cépages blancs.

Ces dégâts entraînent une réduction de l’activité photosynthétique, ce qui peut affecter directement la qualité des raisins, en diminuant leur teneur en sucre et en ralentissant leur maturation.

Ce phénomène est particulièrement préoccupant à l’approche de la fin de saison, où chaque jour de retard peut compromettre la récolte. En fonction des conditions climatiques, plusieurs générations de cicadelles peuvent se succéder, rendant leur surveillance essentielle pour limiter les pertes.

Identification et cycle de vie de vicadella viridis

Cycle Biologique de la Cicadelle Verte

La cicadelle verte, connue sous le nom scientifique Empoasca vitis et parfois confondue avec Cicadella viridis, est un insecte piqueur-suceur appartenant à l’ordre des homoptères. Les adultes, d’une taille moyenne de 3 mm, présentent une couleur variable selon le sexe et le lieu d’observation. Les hémiélytres des femelles sont généralement verts, tandis que ceux des mâles peuvent arborer des teintes plus contrastées, allant du bleu au brun noirâtre, voire au pourpre.

Ces insectes passent l’hiver à l’abri sur des arbustes à feuillage persistant, puis migrent vers les ceps au cours du printemps pour y réaliser leur ponte. Les œufs éclosent après 8 à 10 jours, donnant naissance à des larves qui se développent sur la face inférieure des feuilles à travers cinq stades successifs.

En se nourrissant du liquide nutritif contenu dans les tissus végétaux, les larves provoquent des dégâts caractéristiques : grillures, jaunissement, et rougissement du pourtour du limbe. Ces symptômes diffèrent selon qu’il s’agisse de cépages rouges ou de cépages blancs. Le cycle complet, de l’œuf à l’adulte, s’étend sur 55 à 60 jours en moyenne.

Selon les conditions climatiques, cet insecte peut produire entre 2 et 4 générations par saison, chacune pouvant impacter différemment la physiologie de la plante au fil du cours de son développement.

Larve de cicadelle verte (Empoasca vitis) observée sur la face inférieure d'une feuille de vigne. Source Image : Institut Français de la Vigne et du Vin (IFV)

La deuxième génération : Un pic de nuisibilité

La deuxième génération de la cicadelle verte représente généralement le plus grand risque pour les cultures. Elle apparaît en été, une période où les ceps entrent dans une phase clé de maturation. Les larves y sont souvent les plus nombreuses, ce qui intensifie les attaques sur les feuilles.

Cette génération coïncide avec une baisse de la résistance naturelle des plantes, et les dégâts causés par les piqûres répétées peuvent réduire significativement la photosynthèse. Cela se traduit par un ralentissement de la maturation des raisins et une diminution de leur teneur en sucre, affectant directement la qualité de la récolte, notamment sur les cépages pourpre à forte valeur œnologique.

La gestion de cette deuxième génération nécessite donc une surveillance accrue des populations, en particulier dans les régions les plus touchées, afin de mettre en œuvre des stratégies de lutte adaptées avant que les effets ne deviennent irréversibles.

Empoasca vitis adulte observé au microscope. Source Image: Institut Français de la Vigne et du Vin (IFV)

Impacts sur la viticulture de la cicadelle des grillures

Symptômes et conséquences sur la plante

Les dégâts liés à la présence de cet homoptère se traduisent par des altérations visibles des ceps tout au long du cours de la saison. Les larves, en se nourrissant activement du liquide nutritif contenu dans les tissus foliaires sur la face inférieure des feuilles, provoquent une série de symptômes évolutifs. On observe généralement une décoloration du limbe, accompagnée d’une couleur rouge ou jaunâtre selon les cépages, et localisée en périphérie, là où les grillures sont les plus marquées. Ces taches forment parfois des contours polygonaux, donnant au feuillage une allure de mosaïque.

La description précise des symptômes inclut un enroulement foliaire, une perte de turgescence, ainsi que des zones nécrotiques entre les nervures. L’aspect général de la plante se dégrade, affectant la vigueur et la régularité du développement. Bien que ce ravageur soit souvent considéré comme secondaire, il peut, dans certains cas, provoquer un déséquilibre physiologique durable, en particulier dans les lieux déjà fragilisés ou sensibles.

L’identification de l’espèce, dont le nom scientifique est Empoasca vitis, peut nécessiter une observation fine, notamment pour différencier les individus mâles des femelles, dont la répartition influence la dynamique de ponte et donc l’évolution de l’infestation.

Feuille présentant des symptômes caractéristiques d’une atteinte : aspect rouge en mosaïque, nécroses sur le pourtour et entre les nervures. Source Image : Institut Français de la Vigne et du Vin (IFV)

Période de sensibilité et gravité des attaques

Les premiers dommages apparaissent souvent dès la fin juin, avec l’émergence des premières larves. Leur action perturbe la circulation dans les tissus, notamment au niveau des nervures, où se forment des marques typiques.

Dans certaines regions, des conditions favorables accélèrent l’apparition simultanée de plusieurs stades, rendant les interventions plus délicates. La cohabitation de formes immatures sur un même pied complique la lecture des symptômes.

Les signes comme la couleur rouge, le dessèchement en bordure, ou un affaissement du limbe peuvent être confondus avec certaines carences. Une description rigoureuse et des observations répétées permettent de confirmer l’origine entomologique du trouble.

Une détection précoce reste essentielle, notamment lorsque les femelles amorcent une ponte soutenue. Un suivi attentif, surtout dans les parcelles déjà touchées, permet de limiter les risques avant une hausse plus marquée de la pression.

Symptômes de carence en potassium : chlorose marginale évoluant en nécroses brunes, souvent accompagnée d’un dessèchement du limbe, particulièrement visible en fin de saison. Source Image : Institut Français de la Vigne et du Vin (IFV)
Symptômes de carence en potassium : chlorose marginale évoluant en nécroses brunes, souvent accompagnée d’un dessèchement du limbe, particulièrement visible en fin de saison. Source Image : Institut Français de la Vigne et du Vin (IFV)
Symptômes typiques de carence en magnésium sur feuille de vigne : décoloration internervaire rouge violacé, avec nervures principales restant vertes, surtout visibles sur cépages de rouge en période de maturation. Source Image : Institut Français de la Vigne et du Vin (IFV)
Symptômes typiques de carence en magnésium sur feuille de vigne : décoloration internervaire rouge violacé, avec nervures principales restant vertes, surtout visibles sur cépages de rouge en période de maturation. Source Image : Institut Français de la Vigne et du Vin (IFV)

Méthodes de gestion efficaces

La gestion de la cicadelle verte repose sur une surveillance attentive des populations et l’application de seuils d’intervention. Actuellement, le seuil est fixé à 100 larves pour 100 feuilles autour de la floraison et à 50 larves en été. Cependant, des études montrent que des populations allant jusqu’à 200 larves pour 100 feuilles peuvent ne pas affecter la qualité du raisin.

Stratégies de lutte

Bien qu’il n’existe pas de lutte biologique stricte, des recherches indiquent que le parasitoïde Anagrus atomus peut contribuer à la régulation des populations. Les viticulteurs peuvent également envisager des traitements phytosanitaires adaptés en cas de présence constatée, tout en tenant compte des recommandations actuelles et des produits autorisés pour la viticulture.

Cicadelle verte – les questions les plus fréquentes

1. Quels sont les symptômes d’une infestation de cicadelle verte sur la vigne ?

Les symptômes incluent un jaunissement ou un rougissement des feuilles selon les cépages, un enroulement foliaire, et des nécroses en périphérie ou entre les nervures. Ces signes estivaux peuvent réduire la photosynthèse et le rendement.

2. Comment surveiller efficacement la cicadelle verte dans une parcelle viticole ?

La surveillance repose sur l’observation directe du revers des feuilles, l’utilisation de pièges chromatiques jaunes englués et des comptages réguliers à partir du stade post-floraison. Le seuil d’intervention est généralement de 1 à 2 insectes par feuille.

3. Quels sont les moyens de lutte contre la cicadelle verte ?

La lutte peut être chimique (insecticides spécifiques homologués), agronomique (gestion de l’enherbement et des repousses), ou biologique (préservation des auxiliaires naturels). Une intervention est recommandée uniquement si les seuils sont dépassés.

4. La cicadelle verte est-elle vectrice de maladies comme la flavescence dorée ?

Non, la cicadelle verte, même adulte (Empoasca vitis), n’est pas vectrice de la flavescence dorée. Cette maladie est transmise par une autre espèce, Scaphoideus titanus. Il est toutefois important de bien différencier les symptômes pour éviter toute confusion.

Conclusion

La cicadelle verte est un ravageur qui nécessite une attention particulière de la part des viticulteurs. En surveillant les populations et en appliquant des méthodes de gestion appropriées, il est possible de minimiser les impacts sur la viticulture. Pour en savoir plus sur les stratégies de lutte et les produits disponibles, n’hésitez pas à consulter des ressources spécialisées ou à contacter des experts en viticulture.

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